A mi-chemin entre Dijon et Dole, Saint-Jean-de-Losne n'a pas comme seul titre de gloire d'être une des plus petites communes de France!... Son patrimoine évoque un passé glorieux et prospère. Des manifestations notamment culturelles s'y déroulent, qui méritent d'être découvertes. Il ne suffit pas d'y passer en bateau ou en vélo, il faut s'y arrêter...

vendredi 16 mai 2014

La rénovation du pont de Saint-Jean-de-Losne (1)


Les travaux de réparation du pont de Saint-Jean-de-Losne ont commencé depuis un mois, …

Le pont de Saint-Jean-de-Losne

Le pont de bois
Pendant plusieurs siècles, sous l’ancien Régime la route n° 27 de Dijon à Losne par Longecourt et Brazey franchissait la Saône à Saint-Jean-de-Losne sur un pont de bois, qui traversait la rivière en biais.
Le pont de bois
Ce pont partait de la rive droite un peu en aval du pont actuel et allait à Losne encore plus en aval, pour rejoindre l’  « ancienne » route de Seurre. Le plan ci-dessus (Atlas général des routes de la province de Bourgogne (1756), ADCO, détail) en montre clairement la raison : il fallait contourner les anciens murs et le fossé entourant l’abbaye de Losne.

Le pont de pierre
Maintes fois détruit par les crues et la débâcle des glaces, il a toujours été reconstruit à la même place jusqu’en 1830. Définitivement ruiné, il a été reconstruit en pierre à partir de 1833.
 
L’Atlas Cantonal du département de la Côte-d’Or (1836) montre le nouveau pont. Reconstruit après avoir été coupé pendant la guerre de 1870, ce pont a été dynamité par les français le 16 juin 1940, puis ce qui en restait par les allemands le 7 septembre 1944.

Le pont de pierre détruit pendant la dernière guerre

Le pont actuel : une construction originale en béton armé
Le pont a été reconstruit à la même place en 1950-51. Les deux arches extrêmes ont été refaites en maçonnerie, et on a intercalé une structure en béton armé reposant sur deux anciennes piles intermédiaires conservées et consolidées.

Le tablier du pont est supporté par 8 demi-poutres formant chacune une arche latérale de 34,5 m., et, en porte à faux, 16 m. de l’arche centrale, complétée par une poutre de 20 mètres.

Ces poutres ont été réalisées sur un chantier de préfabrication installé sur la rive gauche, 250 m. en amont du pont : les poutres sont coffrées ferraillées et coulées côte à côte, perpendiculaires au lit de la Saône.

Une fois les poutres construites, il a fallu les mettre en place, et le procédé de transport ne devait pas les soumettre à des efforts différents de ceux pour lesquels elles avaient été calculées. (Chaque demi-poutre d'une longueur de 52 m. a une masse de 185 tonnes pour les poutres intermédiaires et 155 tonnes pour les poutres de rives).

L'entreprise qui avait pris en charge le chantier ayant fait faillite, la société Chanier Bouchard & Vaissac, dirigée par Monsieur Gilbert Bouchard et Monsieur André Vaissac, s’est chargée du transport, en collaboration avec la société Schwartz-Hammont.

Les 8 demi-poutres ont été transportées sur la rivière en septembre 1950. Pour ce faire, une « portière » (ensemble de bateaux attachés entre eux) a été utilisée, dont la hauteur de flottaison pouvait varier grâce à des ballasts remplis d'eau, afin de soulever la poutre, puis de la déposer ensuite en place sur les piles du pont.
Transport d’une demi-poutre sur la rivière (A.M. Saint-Jean-de-Losne)

Les demi-poutres ont été ensuite reliées par les poutres centrales coulées sur place et, entre elles latéralement par des entretoises. Le tablier et la chaussée étant enfin réalisés, on a procédé aux essais en faisant stationner sur le pont deux files de trois camions chargés pesant ensemble 134 tonnes, (essais statiques), puis en les faisant circuler (essais dynamiques).
 (A.M. Saint-Jean-de-Losne)
Le nouveau pont a été inauguré le 1er juillet 1951
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Pierre-Marie Gueritey, Un pont sur la Saône : la reconstruction du pont de Saint-Jean-de-Losne (1947-1951), Office de Tourisme de Saint-Jean-de-Losne, avril 1997.

Guénot, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Pezet, Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, « Reconstruction du Pont de Saint-Jean-de-Losne sur la Saône », dans Annales des Ponts et Chaussées, 122° année, n° 2, mars-avril 1952.
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Actuellement, près de 8000 véhicules par jour (dont un nombre important de poids lourds) franchissent la Saône sur cet ouvrage, long de 170 m (Route départementale 968). Ce pont dont les trottoirs sont très étroits est emprunté par beaucoup de piétons car il relie Losne et Saint-Jean-de-Losne qui font partie d’une même agglomération (bien que constituant deux communes différentes).

Le chantier de rénovation
Après plus de 60 ans, le béton a subi une importante carbonatation, les armatures sont donc menacées par la corrosion et un traitement était indispensable pour assurer la pérennité de l’ouvrage. La largeur de la chaussée sera réduite de 7 à 6 m. avec un trottoir plus large en amont.

Une circulation alternée a été mise en place, avec modification du plan de circulation dans Saint-Jean-de-Losne (rue de la Liberté en double sens).
Aujourd’hui, le chantier concerne la moitié amont : Les garde-corps et les trottoirs ont été arasés, un garde-corps provisoire a été installé et le revêtement de la chaussée décapé. Une chape d’étanchéité a été coulée sur le tablier pour préserver les armatures du béton. Les réseaux d’adduction d’eau et de transfert des eaux usées sont rénovés.
 
 

 
La base technique est installée sur le quai Lafayette interdit à la circulation. Les nouvelles bordures de trottoirs en granit y sont entreposées…
A suivre….

Pierre Marie Guéritey

© Photos et texte Pierre Marie Guéritey, mai 2014

dimanche 4 mai 2014

Saint-Jean-de-Losne, ville d’Art et d’Histoire…

La saison touristique a commencé dès le 9 avril avec l’accueil d’un groupe de 48 retraités de l’éducation nationale de Dole : déjeuner à l’auberge du Paradis à Maison-Dieu, visite du musée, visite de la ville en alternance, et découverte de la gare d’eau avec Pierre Marie Guéritey.

Après de nombreux passages dans notre ville en 2013, la péniche hôtel « Jeanine » de la Société Croisereurope revient à Saint-Jean-de-Losne en 2014, avec aussi une nouvelle péniche « Anne-Marie ».

L’offre de l’office de tourisme Rives de Saône a séduit cette compagnie et chaque fois, les passagers sont enchantés de leur escale à Saint-Jean-de-Losne.

Le débarquement sur le quai à gradins de Losne permet d’expliquer la situation de la ville et de ses villages environnants, et d’évoquer l’histoire du port de Saint-Jean-de-Losne et du pont de Saône (actuellement en grande réparation), pont de bois jusqu’en 1830, puis pont de pierre dont la construction et celle des quais à gradins des deux rives ont apporté de grands changements à Losne et à Saint-Jean-de-Losne au milieu du XIXe s..
Enfin le pont actuel en béton armé reconstruit en 1951 après les destructions de 1940 et 1944…
Après un coup d’œil au monument commémoratif du siège de 1636, construit en 1891, et dont le grand monolithe en pierre de Damparis se dresse à l’endroit même où les échevins ont proclamé leur décision de continuer à résister aux assiégeants, on entre à l’église.
Les visiteurs sont surpris par la taille de cet édifice pour une si petite ville… les explications sur la construction de l’église au XVIe s, le rôle de la paroisse, des prêtres familiers, le comportement des Saint-Jean-de-Losnais pendant la Révolution permettent de comprendre la présence dans cet édifice d’un riche mobilier antérieur à la Révolution (fonts baptismaux, chaire à prêcher, stalles, orgue, confessionnaux, baldaquin du maître autel) entièrement classé Monument historique ainsi que l’église.
La visite de l’Hôtel de ville révèle les détails de la « belle défense » de Saint-Jean-de-Losne en 1636 face à l’armée du général Gallas. Le grand tableau de Godefroy et Badin exposé dans la salle du conseil permet de faire revivre cet épisode glorieux de l’histoire locale. Ancien Hôtel particulier du XVIIe s. agrandi au XVIIIe et acquis par la ville en 1829, le bâtiment renferme bien d’autres objets intéressants : un rare poêle en terre vernissée de la fin du XVIIIe s. et le décor complet du salon d’honneur en papier peint à arabesques de la manufacture Réveillon (vers 1780).
Le temps manque en général pour présenter les tableaux exposés dans la petite salle : « l’arrivée des ministres à Saint-Jean-de-Losne 23 juillet 1905, inauguration de la ligne de Saint-Jean-de-Losne à Lons le Saunier » toile du peintre Louis Dumontant, né à Saint Jean de Losne en 1881, et aussi, le grand tableau du peintre Pierre-Joseph Givry « la rade de Saint-Vaast-la-Hooghe le soir », exposé à Paris au salon de 1892 et donné à la ville en 1916.
Après une petite collation, dégustation de produits régionaux, et l’achat de quelques souvenirs proposés par l’Office de tourisme,
les visiteurs n’ont qu’à traverser la rue pour entrer au musée de la batellerie qui leur propose un vaste panorama de la vie batelière à Saint-Jean-de-Losne.
C’est un vrai plaisir de présenter les édifices chargés d’histoire et les nombreux objets d’art : mobilier de l’église, statues de l’école bourguignonne, tableaux, papier imprimé à la planche, placés dans le contexte de l’histoire de la petite ville, qui constituent l’attrait principal de cette promenade, et que les visiteurs peuvent compléter en allant faire quelques achats en ville et en allant flâner un peu au bord de la « gare d’eau », actuel port de plaisance, avant de remonter à bord de leur péniche-hôtel pour l’apéritif du soir…

Voir l’offre de l’Office de tourisme pour les groupes : http://www.saone-tourisme.fr/visites-commentees
Pierre Marie Guéritey, 4 mai 2014
 © pour le texte et toutes les photos